Cette nuit se jouait la finale retour de la grande et belle Copa Libertadores. Alors que Corinthians disputait sa première finale, Boca Juniors était à la recherche d’une septième couronne dans la reine des compétitions sud-américaines. Alors, qui a remporté le match le plus important de l’année outre-Atlantique ? Allez, je suis sympa, je vous ai laissé un indice dans le titre.
Boca Juniors est un mythe. Boca Juniors, c’est six victoires en neuf finales de Copa Libertadores. Une de plus et il rejoindrait son compatriote de l’Independiente en tête des clubs les plus titrés dans l’une des plus belles compétitions au monde. Boca Juniors, c’est aussi Juan Roman Riquelme. Un esthète du football, plus proche de la fin que du début et qui se verrait bien ramener la coupe à la Bombonera. Mais en face, il y a Corinthians.
Une équipe qui contraste quelque peu avec les habitudes du pays, en s’appuyant avant tout sur une grosse solidité défensive. Une équipe qui a déjoué tous les pronostics, allant jusqu’à éliminer en demi-finale le Santos de Neymar et Ganso, tenant du titre et grand favori (0-1 ; 1-1). Les Brésiliens se sont même payés le luxe de ramener un nul de Buenos Aires à l’aller, grâce à un but tardif du petit génie Romarinho (1-1). De quoi aborder un retour à la maison en pleine confiance.
Premier tournant : Orión fait les frais de l’impact brésilien
D’entrée de match, le message est clair : Corinthians n’est pas venu pour rigoler. Si Boca veut s’offrir un nouveau trophée, il faudra se battre. Et en première période, les Argentins souffrent sous l’impact physique des Brésiliens. Le duel entre Silva, le buffle de Boca, et Chicão, défenseur de Corinthians, fait des étincelles et tourne à l’avantage de ce dernier. Si les locaux peinent à se créer des occasions, ils sont bien installés dans le camp adverse et limitent le rayonnement de Riquelme. Pire pour Boca, son gardien Orión est contraint de céder sa place à la demi-heure de jeu, quelques minutes après un choc à priori anodin. C’est donc orphelin de son ange-gardien décisif en quart et en demi que Boca Juniors devra retourner au combat.
Deuxième tournant : la talonnade géniale de Danilo, le sang froid d’Emerson
La seconde période peut être résumée en un seul mot : boucherie. Mangés depuis le début du match, les Argentins sont revenus avec d’autres intentions, qui se sont souvent traduites par de l’agressivité négative. De nombreux coups donc, réduisant à néant les intentions de jeu de Corinthians. Mais au milieu des balles apparut la lumière. A la 53e minute, alors que l’idée d’une prolongation inévitable nous amenant jusqu’à une séance de tirs aux buts à 5:30 du matin, Corinthians obtint un coup-franc à 50 mètres du but, totalement excentré.
Un grand coup de pied dans la surface, ballon cafouillé, mal renvoyé. Au milieu du chaos, Alex réussit le geste parfait : dos au but, il tenta une talonnade acrobatique qui parvint jusqu’à Emerson, dans le dos de la défense argentine. Seul, Emerson ajusta Sosa, le dernier rempart de Boca. Le Timao était devant pour la première fois dans cette finale. Et la vision d’un premier titre commençait à poindre chez ses supporters qui faisaient péter les fumigènes par dizaines. Bienvenue en Amérique du Sud.
Troisième tournant : « Un but c’est bien, mais deux c’est mieux ! » – Emerson.
Alors que Boca Juniors tente de réagir timidement suite à ce coup reçu sur la tête, une erreur terrible de Schiavi va ruiner leurs espoirs. Le défenseur central se trompe dans une passe à priori facile et envoie Emerson seul au but. Après une course de 50 mètres, personne ne le rattrape et c’est en tout en finesse qu’il ajuste Sosa pour la deuxième fois en 20 minutes. Déjà décisif de la demi-finale avec son golazo à l’aller face à Santos, Emerson confirme qu’il est bel et bien le héros de cette équipe.
On en restera là. Corinthians est le 23e club a remporté la Copa Libertadores ! Un parcours magnifique pour cette équipe brésilienne que l’on n’attendait pas du tout. Du côté de Boca, même si le club peut se satisfaire d’avoir retrouvé le devant de la scène après quelques années décevantes sur le plan continental, la déception est grande. Grandissime favori de cette finale, les coéquipiers de Riquelme ne sont jamais entrés dans cette finale retour qu’ils quittent la tête basse. Au passage, Corinthians se qualifie pour le Mondial des Clubs qui se jouera en décembre prochain au Japon. Ils y retrouveront notamment Chelsea (champion d’Europe) et le Monterrey de « Chelito » Delgado (champion CONCACAF). On a hâte d’y être.